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Lettre à ma confusion

Dernière mise à jour : 28 janv. 2019

Par Marie Pauline Chassé



Les jeux sont faits, rien ne va plus. Mon bonheur s’en est allé, sur la pointe des pieds, à mon insu.


Pour aller où?

J’aimerais bien le savoir. J’ai l’impression qu’il ne reviendra plus jamais, tellement je suis dans le néant. Pourtant, tout allait si bien depuis quelques temps. Du jour au lendemain, je suis tombée d’une falaise et je me suis fracassée... euh... comment dirais-je? Le cœur? Le cerveau? L’âme? Je ne sais pas trop. Je suis mélangée. Je ne sais plus où j’en suis.

Et, pendant ce temps, partout, toutes ces phrases positives que je vois passer... Ah non! Je n’en peux plus d’avoir cette pression d’être parfaite à tout prix.



«Pensez positif et vous serez heureux!» Bullshit!


Qui a dit que tout est toujours parfait?

C’est loin d’être la perfection que de se retrouver dans le néant, de perdre un enfant, d’avoir une maladie incurable, de faire faillite. Désolée pour ceux qui ont dit ça, mais pour moi, il n’y a rien de parfait là-dedans. Ce qui a des chances de devenir parfait, c’est ce que je décide de faire avec mes malheurs, puisqu’une fois qu’ils sont entrés dans ma demeure, j’ai le choix d’en mourir ou d’en sortir.

J’en ai marre!

Foutez-moi la paix avec votre positivisme!

Toute ma vie, quand ça n’allait pas, j’ai fait semblant. Je gardais le sourire. Personne ne devait s’apercevoir du mal que j’avais à l’intérieur. Ça suffit! Je laisse tomber les masques. J’en ai assez!

Si la caissière à l’épicerie me demande: «Comment allez-vous?», je lui répondrai: «Ça ne va pas bien». Et si elle me demande qu’est-ce que j’ai, je lui répondrai: «Désolée, je n’ai pas envie d’en parler».

Les phrases positives me tapent sur les nerfs. Et puis... qu’est-ce que ça peut bien faire que je ne sois pas bien? J’ai le droit d’être enragée, j’ai le droit de pleurer, et j’ai le droit de l’exprimer!

J’ai passé ma vie à ne pas être moi. Est-ce que je peux me permettre de l’être une fois pour toute? Et si ça ne fait pas l’affaire des autres, ils iront voir ailleurs, c’est tout!

Bon, je me calme.


J’inspire, j’expire.


Ouf! C’est fait, je l’ai dit.

C’est étrange, on dirait que je me sens mieux.

Ok. Maintenant que j’ai les idées un peu plus claires, je dois avouer quelque chose.

En ce moment, je me remets en question. On dirait qu’un tremblement de terre vient de démolir tout ce que j’avais mis des années à construire.

Pour la première fois de ma vie, j’ai envie de vivre pleinement ma détresse. J’ai fui toute ma vie et je m’aperçois que je n’ai pas agi de la bonne façon. Après toutes ces années passées à éviter la réalité, j’ai l’impression de ne plus être dans mon corps. Je ne m’appartiens plus. Je suis morte à l’intérieur.

J’y pense... c’est pour ça que je me sens perdue et que j’ai l’impression d’être dans un vide sans fond! Et, mais oui… c’est sûrement pour ça que j’ai toujours mal dans mon corps!

Wow! Quelle révélation!

Eh! Un instant! Mais... ça n’a pas de sens! Je ne peux pas continuer à vivre ainsi. Je dois réintégrer mon corps et retrouver mon identité. La seule solution qui me semble plausible, c’est de me permettre de ressentir et de vivre ce qui se passe à l’intérieur de moi en ce moment.

Oh là là, j’ai besoin d’une petite pause. Je vais réfléchir. Je reviens dans quelques instants.


Bon, ça y est, je suis de retour. Je suis allée prendre l’air et j’ai réfléchi à tout ça. Je crois qu’au-delà du fait que rien ne va plus, je suis en période de grande transformation. La vie m’oblige à me rencontrer. Elle me met face à la réalité et elle essaie de me faire comprendre qu’il faut que ça change. Soudain, je sens que ce séisme personnel me permettra de faire le point sur ma vie. C’est le temps de mes priorités.


Qu’est-ce que je veux? Mais surtout, qu’est-ce que je ne veux plus?

Ouf! Je me sens soulagée rien que d’avoir écrit cette lettre. Je comprends maintenant que si je veux que ça change, je dois accepter avec humilité cette confusion et arrêter de ramer à contre-courant. Même si je suis terrifiée et que je ne sais pas comment, je choisis de lâcher prise. De toute façon, je n’ai rien à perdre.


Je m’abandonne et je m’en remets à une force plus puissante que moi.

Je sais que ce passage est nécessaire à la nouvelle femme qui va naître. En attendant que cela arrive, je prends mon mal en patience et je fais confiance qu’au moment opportun, tout rentrera dans l’ordre.


Merci confusion d’être là pour m’aider à prendre conscience de l’importance de changer ma vie comme je souhaite qu’elle soit.


Au revoir.

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