Lettre au temps
Par Marie Pauline Chassé

Bonjour le temps,
je t’écris cette lettre pour te dire que je ne peux plus continuer cette bataille que je livre avec toi.
Le jour où j’ai décidé de te faire une place dans ma vie, j’avais de l’énergie. Beaucoup d’énergies. J’avais toutes mes journées à moi, et des expériences, j’étais prête à en vivre. Il n’y avait aucune limite et aucune contrainte à accepter n’importe quelle situation car j’avais tout ce qu’il fallait pour gérer n’importe quoi. J’étais jeune, naïve et prête à tout pour prouver au monde entier que j’étais invincible.
Toi, le temps, tu étais mon allié, mon meilleur ami, celui en qui j’avais une confiance inébranlable puisque je savais que tu allais me permettre de parcourir le monde.
Tout s’est déroulé comme prévu. J’ai voyagé, j’ai mené une vie où je me suis accomplie à travers ma créativité et ma joie de vivre jusqu’au jour où j’ai tombé.
Je me suis retrouvée épuisée et impuissante avec une charge immense sur mes épaules.

Moi qui croyais que ma relation avec toi était bénéfique. Je réalise aujourd’hui que je me suis fait avoir. Tu t’es servi de moi. Tu m’as manipulée et tu as fait de moi ta victime. De plus, je réalise que je ne suis pas la seule qui s’est retrouvée prise au piège. À ce jour, à peu près tous les humains sont tes victimes.
Je suis devenue dépendante de toi. Tu m’as donné l’impression que tu étais indispensable alors que c’était tout le contraire. Tu m’enchaînes. Je traîne un boulet et ça rend ma vie compliquée.
J’ose espérer que les gens vont se réveiller un jour mais pour ce qui est de moi, je refuse de continuer de vivre comme ça car je vais en crever si je continue.
Je me suis demandée dernièrement pourquoi je me suis laissée influencer par toi et j’en suis arrivée à cette conclusion...
Le problème au fond, ce n’est pas toi. C’est la manipulation qu’on nous fait en passant par la «vente sous pression».
On passe par notre cerveau et on nous fait accroire que nous vivons dans le manque en nous offrant une panoplie d’offres qui ne sont pas nécessaires. Une fois le lavage de cerveau fait, il se crée en nous l’idée que ce serait bien d’avoir telles ou telles choses qui faciliteraient notre vie. On se lance dans les achats sans penser qu’il faudra travailler encore plus fort pour arriver à payer toutes ces choses.
Et voilà, c’est là que s’enclenche une course contre la montre. La guerre contre toi, le temps, est déclarée!

Dans toute cette histoire, le temps, je prends conscience de plus en plus que tu n’existes pas. Ce sont tous ces faux besoins que je me suis créées qui me donnent l’impression que je suis coincée par le manque de temps.
C’est trop lourd à vivre ça!
J’ai donc pris la décision de faire des changements. Oui, il faut que ça change et pour y arriver, je dois passer à l’action.
Le temps, comme je ne veux plus être ton esclave, il y a des choses que je dois laisser tomber. S’il faut que je déménage pour me départir des obligations matérielles, je le ferai. S’il faut que je me sépare pour ne plus avoir à vivre sans amour, je le ferai. S’il faut que je mette fin à certaines relations pour ne plus avoir à faire semblant, je le ferai. Et s’il faut que je change d’emploi pour ne plus être insatisfaite, je le ferai.
Je sais que c’est en changeant des aspects de ma vie que je retrouverai l’équilibre avec toi.
Je sais que c’est en agissant ainsi que je retrouverai la paix en moi, que le calme s’installera et que je commencerai à vivre au lieu de survivre.
La vie n’est pas une course ni un champ de bataille. La vie est un espace infini où il y a la liberté, et ce n’est pas dans la consommation que je la trouverai.
Je m’apprête donc à transformer ma vie telle que je désire qu’elle soit.
Merci le temps pour tout ce que tu m’offres comme opportunités.
Au revoir.